« La Closerie de Lilas était, jadis, un café ou se réunissaient plus ou moins régulièrment des poètes, dont le dernier, parmi les plus importants, avait été Paul Fort, que je n'avais pas lu. Mais le seul poète que j'y rencontrai jamais fut Blaise Cendrars, avec son visage écrasé de boxeur et sa manche vide retenue par un épingle, roulant une cigarette avec la main qui lui restait. (...) Ce soir-là, j'étais attablé à la terrasse, observant la lumière changeant sur les arbres et les maisons, et le passage des grands chevaux lents sur le boulevard. La porte du café s'ouvrit derrière moi, à ma droite, et un homme en sortit, qui si dirigea vers ma table.
"Ah! vous voilà", dit'il.
C'était Ford Madox Ford... (...) A ce moment un homme assez maigre, enveloppé dans une cape, passa sur le trottoir. Il était avec une femme de haute taille et son regard effleura notre table avant de poser ailleurs, puis il passa son chemin sur le boulevard.
"Vous avez vu comme j'ai réfusé de lui rendre son salut? dit Ford. Vous avez vu comme j'ai refusé?
— Non. Qui avez-vous refusé de saluer?
— Belloc, dit Ford. J'ai refusé de le saluer!
(...) Quand Ford s'en alla, la nuit était tombée et j'allai jusqu'au Kiosque acheter un Paris-Sport complet, la dernière édition du journal des turfistes, avec des résultats d'Auteuil et la liste des partants pour la réunion du lendemain à Enghien. Le serveur, Émile, qui remplacé Jean à la terrasse, s'approcha de moi pour voir les résultats de la dernière à Auteuil. Un des mes meilleurs amis, qui fréquentait rarement la Closerie, vint s'asseoir à ma table et juste au moment où il commandait un verre à Émile, l'homme maigre à la cape, acompagné par la femme de haute taille, passa devant nous sur le troittoir. Son regard effleura notre table et alla se poser ailleurs.
"C'est Hilaire Belloc, dis-je à mon ami. Ford était ici ce soir et il a refusé de lui rendre son salut.
— Ne sois pas idiot, dit mon ami. C'est Aleister Crowley, le démonologiste. On dit que c'est l'homme le plus méchant du monde.
— Désolé", dis-je. »
Hemingway, Paris est une fête
LUCIFER
segunda-feira, janeiro 12, 2009
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Um comentário:
no compreendo!
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